Prix nocturne

7e édition

Le prix Nocturne 2012 a été décerné à :

La Nuit aveuglante, d’André de Richaud.

Deux autres titres n’étaient pas très loin dans le sentiment des jurés, Calife-Cigogne et Le Nuage pourpre.

André de Richaud est né à Perpignan en 1907. Il devient professeur à l’âge de vingt-deux ans. Un voyage en Grèce, au cours des années trente, bouleverse sa vie. Il décide de monter s’installer à Paris chez Fernand Léger (il y reste quatorze ans), et de se consacrer entièrement à l’écriture. Malgré les encouragements et la reconnaissance de ses pairs et de la critique (La Douleur, en 1931, est salué par Mauriac, Bernanos et Camus, qui reconnaît avoir décidé d’écrire à la lecture de ses premières pages), il sombre rapidement dans l’alcool, tout en continuant de se faire publier chez Grasset, Seghers et Robert Laffont. Le tout Paris le voit rôder aux alentours de Saint-Germain et il intègre bientôt le rang des « vagabonds célèbres » de la capitale, ses apparitions suscitant le mystère, la fascination et la pitié. Interné à l’asile de Vallauris, il y écrit son dernier livre, Je ne suis pas mort, édité par Robert Morel, qui le fera redécouvrir par la critique juste avant qu’il ne décède de la tuberculose, en 1968.

Les réserves de Gibert ont joué, pour Hanley comme pour tant d’autres Saxons, leur rôle dans la découverte de James Hanley. Alberto Manguel a ensuite encouragé ces mauvais penchants.

Un compagnonnage avec Jean-Baptiste Baronian nous donna il y a longtemps envie de lire Hyspa, mais la revue Empreintes de Claude Brabant nous fit sauter le pas.

C’est à Montolieu que fut, dans un grenier, sans doute, déniché Le Plafond de Pavel Reznicek. Mais Jean-Daniel Dupuy a réussi à le lire avant nous.

Le sceau d’un éditeur (et accessoirement la réputation d’un libraire) suffit parfois à susciter l’envie : ce fut le cas avec l’édition Marabout de La Nuit aveuglante, découverte à la libraire Flamberge de Montreuil (“le chef-d’œuvre maudit d’un écrivain maudit”…)

Louis Watt-Owen existe : la preuve, c’est lui qui après nous avoir serré une main de singe, nous a glissé le nom de Shiel et de son roman crépusculaire.

Les éditions Tusitala ont redonné vie à La Nuit aveuglante dans une superbe édition, parue en mars 2014.

Les jurés sont :

Georges-Olivier Châteaureynaud, romancier et nouvelliste onirique, défenseur et théoricien du genre fantastique, apôtre, avec Hubert Haddad et Frédérik Tristan entre autres, de la « Nouvelle fiction ».

Géraldine Chognard, libraire au Comptoir des mots et éditrice chez Cambourakis

Nikola Delescluze, journaliste à « Paludes » et éditeur des œuvres de Gabrielle Wittkop chez Verticales.

Carmela Chergui et Mikaël Demets, lecteurs fous, à cheval sur la fiction et la bande dessinée, fondateurs des éditions Tusitala

Jérémy Boulard Le Fur, illustrateur des Cobayes (lauréat du prix Nocturne 2011), dessinateur d’animation, disciple de Kubin et Topor

Michel Ohl est pour un bon tiers dans la composition de la liste 2013. C’est lui qui nous soumit, l’air mutin, Marie les bottines, et nous imposa, ardemment, le Calife-Cigogne.

Les titres en lice, soleils noirs destinés à hanter vos jours et vos nuits, sont les suivants :

Mihaly Babits, Calife-Cigogne (A gólyakalifa), 1916 ;
trad. hongrois Laurence Leuilly et Tamas Szende, In Fine, 1992

James Hanley, La Maison sans issue (No directions), 1943 ;
trad. irlandais par jean-Claude Lefaure, Nicholson and Watson, Londres/Bruxelles, 1947

Vincent Hyspa, L’Éponge en porcelaine, seize conférences fantaisistes, La Sirène, 1921,

Michèle Kildaire, Marie-les-bottines, Gallimard, 1967

Pavel Reznicek, Le Plafondtrad. tchèque Erika Abrams,Gallimard 1978 (Strop, 1991)

André de Richaud, La Nuit aveuglante, Robert Morel 1966

M. P. Shiel, Le Nuage pourpre (The purple cloud), 1901 ;
trad. de l’américain Jean Gibet, Denoël, 1972