« S’arrêter sur cette route pour regarder Cloon na Morav, c’était prendre conscience de son site paisible, des vents qui chantent pour les morts en descendant des collines. »
De Seumas O’Kelly
Traduit de l’anglais par C. Joseph-Trividic et J.-C. Loreau
10 gravures de Frédéric Coché
978-2-917084-07-6 — 144 pages — 15,20€
Les terres d’Irlande sont fertiles en humour métaphysique. La Tombe du tisserand, c’est l’histoire d’un mort qui a perdu sa tombe. Un petit chef-d’œuvre, où le comique se mêle à la mémoire des mythes et des angoisses existentielles.
Dans un village aux confins de la campagne irlandaise, un vieil homme est mort. Il était si âgé qu’une place lui est encore réservée dans l’ancien cimetière, déjà entré dans l’ordre des légendes et laissé à l’abandon. Cloon na Morav — le champ des morts — est une enclave hors du temps, où les tombes oubliées s’usent comme de vieilles montagnes, où le ciel semble encore plus grand.
La veuve est là, accompagnée des deux fossoyeurs et de leurs pelles. Et comme l’on ne sait pas très bien où repose la famille du tisserand, deux vénérables anciens accompagnent l’équipe pour indiquer l’endroit. Mais Meelhaut Linskey, le cloutier, et Cahir Bowes, le casseur de pierres, sont deux vieillards têtus, fantasques, à la mémoire vacillante. Tout heureux de cette aventure qui les sort de leur solitude, tout déçus de devoir la partager, ils vont prendre un plaisir cruel à ne pas s’entendre. La tombe du tisserand est introuvable. Le grotesque rencontre le tragique, la farce beckettienne n’est pas loin. La recherche va durer toute la journée. Le temps d’un court roman.
Considéré comme le plus grand nouvelliste irlandais, couvert d’éloges de son vivant, Seumas O’Kelly (né en 1881) est mort assassiné,
en 1918, dans le journal indépendantiste qu’il dirigeait. Fils de commerçants, originaire de Loughran, dans le comté de Galway (région riche en vestiges de châteaux et d’édifices religieux), membre du Sinn Fein, il a écrit de nombreux recueils de nouvelles (Waysiders, The Golden Barque, The Leprechaunof Kilmeen) et trois romans : Wet Clay, The Lady of Deerpark, et La tombe du tisserand.
Ce dernier, unique texte traduit en français à ce jour, a été écrit en 1918 et publié juste après sa mort.
Luc de Goustine (né en 1938) a dirigé le domaine étranger européen aux éditions du Seuil, où il a amené Soljenitsyne (avec Août 14, 1971).
Auteur de théâtre, d’essais (histoire, politique, symbolique) et de romans (Bernard de Ventadour ou les jeux du désir, 2007), passionné de la lyrique des troubadours (qu’il édite à Carrefour Ventadour), il a traduit une quinzaine d’œuvres de l’allemand et de l’anglais : entre autres, Marlowe et Shakespeare (dont Hamlet et Le Roi Lear, qu’il a également interprétés dans des mises en scène de Philippe Adrien), les poètes Johannes Bobrowski, Günter Eich et William Merwin, ainsi que le fameux Anna et Mr. God, de Fynn.
Frédéric Coché (né en 1975), qui a réalisé la suite de gravures insérée à la fin du livre, est un peintre et dessinateur français exilé à Berlin, qui dit dessiner avec sa mémoire. Lecteur frénétique, amateur de mythologie, de danses macabres et d’histoire de l’art, il travaille avec prédilection sur les thèmes de la mort, des images, des voyages…
« Un petit chef-d’œuvre d’humour noir exhumé par une jeune et créative maison d’édition qui en a fait un objet exquis. »
Avantages
« Une découverte enthousiasmante. La quatrième rapprochant O’Kelly de Becket, on y entre avec une certaine gourmandise ; et quand ce mélange de métaphysique et de grotesque prend des teintes qui font songer à Flann O’Brien, on n’en est que plus réjoui. »
Nikola, Paludes
« Menée entre légende et fantaisie, cette quête d’une tombe introuvable, superbement écrite, a tout d’une farce tragi-comique. »
Jacques Josse, Remue.net
« Un redoutable sens pittoresque et du détail qui convient à merveille à cette légende celtique. »
Ed Wood, La Taverne du Doge Loredan
« La Tombe du tisserand” est un hymne à la vie, aux relations entre générations. La modernité, la simplicité du style d’O’Kelly frappe dans cette tranche de vie découpée en plein cimetière. »
Nox, La vitesse des trucs