« Des hurlements brutaux mêlés au claquement des sabots des bêtes et aux insultes de ceux qui allaient à pied emplirent l’air […] Une bande de corbeaux prit son envol en croassant violemment, jusqu’à blesser les oreilles des poursuivants. Pour tous, la traque avait commencé. »
Récit espagnol de José Antonio Labordeta
Traduction de Jean-Jacques et Neige Fleury
Dessins de Paz Boïra
978-2-917084-28-1 – 144 pages – 15 €
Un homme est attaché à un arbre, avec sa mule, en train de pourrir au soleil. Il ressasse les événements qui l’ont mené là.
À cette scène centrale, obsédante, ramènent tous les autre épisodes du roman. Cet homme, c’est Braulio, l’usurier. Alors que les rumeurs d’un soulèvement militaire ont semé la panique dans le village, et que des clans ont commencé à se former, les tensions convergent toutes vers lui, qui s’est rempli les poches avec l’argent des uns et des autres. Une horde d’excités décide de lui régler son compte. Mais les choses ne se déroulent pas comme prévu… et une chasse à l’homme commence à travers une nature desséchée par un soleil de plomb. Chacun laisse libre cours en lui, comme malgré lui, à la violence et au fanatisme.
Un récit faulknerien sur les haines ancestrales d’un village de montagne, aux premiers jours d’une guerre civile.
Né à Saragosse en 1935, José Antonio Labordeta a vécu presque toute sa vie en Aragon. Son père, professeur de latin, est arrêté au début de la guerre civile pour son activité militante et exclu de l’Université sous Franco. Labordeta se fait connaître comme poète, puis comme chanteur à texte, émule de Brassens. Auteur de fictions, réalisateur de documentaires sur la campagne espagnole, il est élu député aux Cortès en 1999, où il défraye la chronique et devient une gloire nationale en insultant des députés qui se moquaient de lui pendant sa prise de parole. Il a disparu en septembre 2010.
Jean-Jacques et Marie-Neige Fleury ont participé à la redécouverte en France des écrivains argentins Eduardo Mallea, originellement publié par Roger Caillois dans la collection « La Croix du Sud » de Gallimard, et Humberto Costantini, oubliés dans leur pays-même jusque dans les années 1990. Ils ont également contribué à introduire en français Francisco Ayala, Rodrigo Fresán et Gonzáles Ledesma.
Paz Boïra a étudié la gravure, puis la bande dessinée, à Bruxelles, où elle a rencontré la future équipe de Fréon. Illustratrice pour la presse, elle a participé aux revues Frigobox, Le Cheval sans tête & Comix 2000 et publié, au Frmk, Encore un exemple où la vie est comme ça (2004), et Ces leurres et autres nourritures (2008). Ses dessins traduisent les éléments, les sentiments, l’invisible dans des séquences muettes et minimalistes.
Paz Boïra travaille à la mine de graphite. Elle est née et vit à Valence, en Espagne.
« Un roman qui est la vérité de l’Homme. »
La Dépêche
Sur la toile
« Le tourbillon de José Antonio Labordeta est d’abord un tourbillon de mots. Virevoltant d’un personnage à l’autre, captant les éclats épars de leur pensée, des bribes de leurs dialogues. »
L’Accoudoir