Jacques Spitz,
L’Œil du purgatoire (Nouvelle France, 1945)
Incapable de continuer son métier, le peintre Poldonski envisage de se suicider. Mais une nuit, il est infecté par un bacille fulgurant, qui le condamne à voir les êtres et les choses tels qu’ils seront dans le futur. Le mal progresse à vue d’œil, et il n’est bientôt plus entouré que de ruines, de cadavres et de squelettes. Le héros, qui se voit dépérir, s’inspire de ses contemporains pour des tableaux de danses macabres, et finit par accéder aux projections de l’âme. Les paysages traversés dans ce voyage temporel immobile évoquent ceux de Hardellet (Lady Long solo) ou de Claude Seignolle (La Nuit des Halles).
Contre-utopies appuyées sur des hypothèses scientifiques imparables, les romans vénéneux de Jacques Spitz sont des « faire parts de fin du monde ». Cet ancêtre de la SF (L’Agonie du globe, La Forêt des sept pies, Les Evadés de l’an 4000) n’est pas très éloigné, par la noirceur et la démesure de sa vision, du Tchèque Karel Capek.