Le prix Nocturne

Chaque automne, enterrant la saison des prix, un septuor de conjurés triés sur le volet choisit parmi sept « soleils noirs de la littérature », épuisés depuis belle lurette, un livre remarquable par son style, l’originalité de sa conception, et l’oubli dans lequel a sombré son auteur.

Les écrivains « Nocturne » appartiennent à une histoire parallèle, clandestine et pirate de la littérature, dont l’influence n’est pas moindre que celle des auteurs scolaires et des « classiques » archi-rebattus…

Fondé en 1962 par Roland Stragliati, de la revue Fiction, pour récompenser « un ouvrage oublié, d’inspiration insolite ou fantastique », le prix Nocturne avait été remis trois fois avant sa « désoccultation » :
– à Léo Perutz en 1962 (pour Le Marquis de Bolibar),
– à Bruno Schulz en 1963 (pour Le Traité des mannequins)
– à Hugues Rebell en 1966 (pour Les Nuits chaudes du Cap français).

Le jury était une sorte de société secrète, remettant son prix dans les circonstances les plus mystérieuses… On murmure cependant que Jean Ray, Jean Paulhan ou Roger Caillois n’y étaient pas étrangers.

Voici ce que la NRF écrivait en août 1962, à propos du premier lauréat :
« Si par le cheminement silencieux de cette œuvre, le mystérieux fantôme de Léo Perutz a décidé de venir hanter la littérature et de faire découvrir en lui une sorte de Borges inconnu, il est bien capable d’y parvenir. Le Marquis de Bolibar devrait aisément trouer l’oubli et le temps. »

Quarante ans après sa dernière proclamation, le prix Nocturne était désocculté par l’équipe de la revue Le nouvel Attila.

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