La Pluie de feu (Las Fuerzas extrañas, 1906)
(Recto Verso, 1985)

Lugones repousse les bornes de la physique dans des contes brefs qui marient volontiers les sciences et le fantastique. Explorant sans relâche les détours des sons, des gaz, des lumières, de la matière, jusqu’aux marges de la folie, Lugones est aussi de temps en temps l’émule de Poe (« La Pluie de feu », « Le masque oublié », « Luisa Frascati ») ou le précurseur de Borges et de Papini (« La Bibliothèque infernale »). Ses nouvelles, où reviennent souvent botanique, squelettes et amours idéales, sont en général de longues expositions suivies d’une chute limpide et brutale. L’un de ses contes les plus connus donne son titre à ce recueil, édité par Bernard Goorden dans sa fabuleuse collection imprimée à 500 exemplaires, Recto Verso.

Leopoldo Lugones

Leopoldo Lugones (1874-1938), enfant prodige, lecteur vorace et érudit doué d’une énergie proverbiale, fut journaliste, poète et nouvelliste. Poète proche de Rubén Darío, il est aussi considéré comme le précurseur du fantastique argentin : Borges lui a consacré un essai… et même Eisntein l’a lu ! Passionné d’histoire, de sciences occultes et naturelles, Lugones a marié dans ses contes la science et le fantastique. Ses fréquentes évolutions idéologiques (il passa par le socialisme, le libéralisme, le conservatisme et le fascisme) furent à l’origine de constantes polémiques à Buenos Aires. Déçu par le contexte politique des années 1930 et l’échec de ses engagements personnels, il se suicide en 1938 dans une chambre de l’hôtel El Tropezón, à Tigre, en buvant un mélange de cyanure et de whisky.