« L’Horloge », in Les Choses voient
(Perrin, 1913)
Dans ce tryptique personnalisant les meubles d’une grande demeure provinciale, Edouard Estaunié, romancier d’atmosphère, de la mémoire et du souvenir, donne la parole aux objets, témoins des turpitudes et des bassesses des hommes. Par la grâce de réflexions fines et par le ciselage des différents points de vue, les faits et personnages soumis à l’examen des choses (un miroir, un secrétaire, un portrait, la poussière des murs…) se débattent dans une sensation d’enfermement, tandis que l’horloge, héroïne du premier épisode, minute le temps. Entre ces murs où l’angoisse des choses précède et annonce celle des humains résonne davantage encore la fatalité et la répétition des jours.
Romancier d’atmosphère, de la mémoire et du souvenir, Edouard Estaunié (1862-1942) était diplômé de Sciences po, de Polytechnique et de l’École supérieure de télégraphie. Inspecteur des Postes et Télégraphes, il laissa une abondante œuvre d’écrivain provincial (il était dijonnais, et tous ses romans se situent en province), psychologue et moraliste. Élu en 1923 à l’Académie, il fut le peintre mélancolique de la bourgeoisie. Parmi ses romans les « plus connus », L’Empreinte, Le Labyrinthe, L’Ascension de M. Balesvre ou Madame Clapain.