Guillaume Loubet,
L’Hydre (Seuil, 1959)

Voici un Ovni à plusieurs titres. Seul roman publié par cet ancien docker marseillais, jamais réédité, L’Hydre est un roman pré-situationniste. Un quarteron de pirates en rupture de bateau, échoués sur un continent mystérieux, se livrent au milieu de personnages beckettiens sans attache et sans psychologie à d’étranges manœuvres. La géographie de cet îlot imaginaire change constamment, de même que les tempéraments, les motivations et les activités des personnages, parmi lesquels on recense des « aventuriers de terre » comme des « faux fantômes ». Organisé en trois parties (I : l’espace ; II : les hommes ; III : l’action), évidemment trompeuses, le roman, chef-d’œuvre de style et d’architecture, finit par s’effondrer sur lui-même.