Rex Warner,
L’Aérodrome (Editions de la revue Fontaine, 1945)
Un village de la campagne anglaise est entièrement gouverné par les forces aériennes, la RAF étendant son pouvoir et son emprise jusque sur les mœurs ou l’éducation, en attendant de pouvoir exproprier complètement les habitants. « L’Aérodrome » devient alors le microcosme d’une société totalitaire où les pires instincts se réveillent : pour distraire leur ennui, des attrapeurs de rats coupent la tête de ces animaux avec leurs dents ; un culte malsain est dû aux moindres gradés de l’organisation militaire… Dans cette principauté où tout prend une valeur symbo-lique la mort n’a plus d’importance ; les citoyens n’aspirent plus qu’à se libérer du temps, y compris de leur mémoire et de leur avenir. « Je tiens à dire que, pour l’aviation comme pour les villages de mon pays, j’ai le plus grand attachement et le plus grand respect », croit bon de prévenir l’auteur en avant-propos.
Anthony Burgess comparait cette allégorie fantastique, baroque et poétique, distillant un malaise certain, à 1984… en plus sobre, plus subtil et plus ambigu.