Les Sexes foudroyés
(Robert Laffont, 1958)
Composé du journal parallèle d’un détenu embarqué vers une destination mystérieuse, et de l’un de ses gardiens (gardiens… ou tortionnaires), Les Sexes foudroyés est un roman-poème et une plongée dans l’abyme de l’âme humaine. Comme Les Tortues, le récit commence à bord d’un navire où se noue un drame non dit, une angoisse métaphysique et entêtante avant que n’éclatent le malheur et l’aventure. Si l’intrigue rappelle les protocoles de télé-réalité, comme les pires expériences humaines à la Welles, c’est avant tout un manifeste d’une prose poétique noire, vibrante et inquiétante. Cinquante détenus, autant d’hommes que de femmes, évoluent dans une île du Pacifique sous le contrôle de l’armée, de part et d’autre d’une énorme grille barbelée, à travers laquelle se nouent angoisses et passions…
Loys Masson
Poète et romancier mauricien, Loys Masson (1915-1969), né d’un père avoué britannique, devient champion de boxe et est renvoyé du collège à 18 ans pour avoir frappé un professeur. Peseur de canne à sucre, employé de banque, il découvre la poésie (anglaise puis française), publie un premier recueil, et arrive en France, à Marseille, en 1939, où il rejoint la Légion étrangère, les Anglais et les Français l’ayant refusé dans leurs rangs. Réformé, réfugié à Tours, passé à la clandestinité, il rejoint à Esprit Emmanuel Mounier, qui lui présentera ses amis et compagnons de chemin : Lanza del Vasto, Claude Roy, et surtout Pierre Seghers. Élément actif de la Résistance des poètes, il voit ses poèmes interdits par la censure de Vichy, et adhère en 1942 au PC. Secrétaire général du Comité national des écrivains (CNE), rédacteur en chef des Lettres françaises, il abandonne le journalisme pour le roman, le théâtre, et des émissions littéraires et dramatiques à la radio. Auteur fécond, marqué dans ses premiers textes (Saint Alias, L’Illustre Thomas Wilson) au coin de la fantaisie et du surréalisme, il a également offert à Robert Morel les Célébration de la Chouette et du Rouge-Gorge.