Mars en bélier

Mars en bélier 
(Fischer, 1941 ; Christian Bourgois, trad. Jean-Jacques Pollet, 1990)

De cette chronique de cavalerie aux confins du rêve et de l’amour se détache la figure de Wallmoden, double de l’auteur, qui comme lui fut rappelé fin 1939 sous les drapeaux pour envahir la Pologne. Un héros avide de lire et de décrypter les signes, les contradictions du monde et la logique secrète des êtres. Le texte puise dans le propre journal de l’auteur tous les détails des opérations militaires. De part et d’autre des lignes de l’Est, autour d’une image féminine évanescente restée à Vienne, les hommes d’armes franchissent les frontières de l’étrange royaume que se disputent les vivants et les fantômes, les fantasmes et les éphémères. Imprimé sous le titre Mars in Widmer, le texte s’appelait à l’origine L’Heure bleue, a été interdit par la censure nazie et le premier tirage stocké dans un dépôt de Leipzig bientôt détruit par les attaques aériennes de 1943.

Alexandre Lernet-Holonia

Alexander Lernet-Holenia (1897-1976), né – dans une famille aristocratique – et mort à Vienne, ami de Zweig, Zuckmayer (le scénariste de L’Ange bleu) et von Horväth, puis à Berlin de Gottfried Benn et d’Alfred Kubin, a été poète, dramaturge, romancier et scénariste pour le cinéma. Etudiant en droit, volontaire pour le front en 1916, il commence à écrire des poèmes à la guerre. La chute des Habsbourg l’empêche de servir dans l’armée impériale. Protestant, il se convertit au catholicisme, voyage, et écrit : des pièces de théâtre, et des romans, dont trois adaptés au cinéma. Pendant, la Seconde Guerre mondiale (où il a été blessé très tôt), il est directeur artistique pour la réalisation de films de guerre. Coïncidence : Il relut et édita  Le Judas de Léonard, dernier roman de Leo Perutz, qui fut le premier lauréat du prix Nocturne !